L'art de vivre selon l'Ayurvéda

Être en bonne santé

La santé parfaite

Les 3 doshas sont en équilibre.

Les 13 feux (agni) sont bien allumés : Agni est l'énergie subtile du Feu sous différentes formes ; les plus importants sont le Feu digestif avec ses jus gastriques qui aident à la digestion, le Feu émotionnel qui gère l'amour et le Feu de l'Intellect.

Les 7 dhatus sont forts : tissus (sang, muscles, os, etc.) qui se transforment, sous l'impulsion d'Agni, en énergie d'Immunité.

Les 3 malas (selles, urines sueur) fonctionnent bien.

Les 5 sens (indryas) fonctionnent bien.

L'Affectif se trouve dans l'état de joie. Le bien-être affectif est indispensable pour être en bonne santé ; c'est l'énergie qui nous dirige vers l'idéal, fait naître en nous créativité, enthousiasme, joie, amour.

Le Mental est calme et en paix.

L'Ame est dans l'état de béatitude. On peut progresser dans l'évolution intérieure.

La maladie

Qu'est donc la maladie ? Un déséquilibre qui s'installe sur les plans physiques ou sur les plans subtiles et se manifestent Dar un désordre physique. L'Ayurveda est très sensible aux désordres psychosomatiques. Les causes de déséquilibres sont :rès nombreuses, tant extérieures (pollution, conditions de vie, mauvaise façon de se nourrir, hygiène insuffisante, etc.) qu'intérieures (émotions négatives, stress, insatisfaction, etc.). Il y a 7 étapes avant que la maladie ne se déclare. Aussi 'Ayurveda nous recommande-t-il d'être attentif aux premiers signes : le manque de force ou d'enthousiasme, état semi Répressif, tristesse sont souvent les premiers signes d'un désordre qui a sa racine dans les plans subtiles. Puis surviennent :ièvre, maux de ventre, maux de gorge, etc...

Les 7 étapes consécutives :

  • Déséquilibre des doshas.
  • Accumulation de toxines.
  • Aggravation : blocage de la circulation
  • Propagation : l'énergie bloquée se dirige ailleurs et disperse les toxines Localisation : le déséquilibre s'installe dans une zone ou des zones différentes des zones d'origine. Signes précurseurs de la maladie
  • Manifestation : symptômes divers.
  • Complication : pathologie.

L'art de vivre selon les rythmes de la nature

Pour être en bonne santé, l'Ayurveda préconise un mode de vie en harmonie avec notre propre nature. Chacun a à se connaître et à respecter ce qui lui convient ; la médecine ayurvedique est personnalisée et les recommandations et prescriptions varient d'une personne à l'autre, puisque deux personnes ne sont pas identiques. Il convient aussi de s'harmoniser au rythme de la nature, qu'il s'agisse du rythme de la journée, de celui des saisons ou des âges de la vie, chaque moment ayant une énergie spécifique. L'interaction microcosme /macrocosme fait que le non respect des rythmes de la nature est une des causes principales de déséquilibre, comme le souligne la chronobiologie. Il est conseillé de pratiquer une écologie intérieure et extérieure pour se respecter et respecter le jardin planétaire qui nous est confié.

les rythmes de la journée :

L'influence des Doshas varie selon le moment de la journée :

Vata domine entre 2h et 6h du matin et dans l'après midi, excellent moment pour les activités intellectuelles, créatives ou sportives.

Pitta domine au milieu du jour et de la nuit. Nous sommes très en forme au milieu de la période pitta et avons faim vers midi, moment idéal pour le repas puisque pitta préside à la digestion. La nuit, pitta garde le corps au chaud.

Kapha domine le matin et le soir. Le matin, avant le lever du soleil, est une période kapha, c'est le meilleur moment pour pratiquer yoga, exercices de purification et méditer. Kapha s'installe le soir après 22h, c'est le moment de se coucher.

Le rythme des saisons :

Vivre au rythme des saisons est essentiel. En Inde, il y a 6 saisons. En Occident, le printemps est une saison plutôt pitta, l'été est à dominante pitta (chaleur, soleil), l'automne vata (chute des feuilles, vent), l'hiver kappa (la nature dort et est figée). Si l'on a un excès de pitta, il faut éviter de manger en plein soleil ou de prendre trop de bains de soleil l'été. L'été, on a envie de plats froids pour contrebalancer pitta, l'hiver de plats chauds et de bains chauds pour contrebalancer kapha.

Les 4 âges de la vie (Les 4 Ashrama) :

Les 4 âges selon les doshas : le bébé vit une vie kapha et dort la plupart du temps. L'enfance est aussi kapha (rhumes, asthme, toux). L'adolescence et l'âge mûr sont dominés par pitta. C'est le moment de la vie active, des passions, etc. La vieillesse est une période vata (rides, dessèchement de la peau, arthrite, pertes de mémoire). Les 4 âges selon l'idéal de la vie : le but de la vie est une élévation du niveau de conscience pour s'approcher de la Réalité supérieure. Selon les Vedas, la vie est divisée en 4 âges avec pour but final « moksha », la libération, la liberté, la recherche spirituelle. L'Ayurveda n'est pas une voie ascétique mais une voie du milieu et, avant de parvenir à la libération, on a aussi d'autres objectifs : « artha » (prospérité, finances, biens matériels), « kama » (désir, sexualité, procréation, vie de famille), « dharma » (la loi éternelle à laquelle on se conforme pour vivre avec des objectifs d'élévation personnelle et collective).

Les 4 âges de la vie :

Enfance et adolescence ou brahmacharya ashram :

Jusqu'à 20/25 ans. On se met dans l'énergie du dieu Brahma, dieu de la création, de la connaissance. Période de l'étude. On y acquiert des connaissances variées qui nous seront utiles dans notre élévation spirituelle; dans l'Inde traditionnelle, on recevait cet enseignement auprès d'un guru (ou acharya, maître), dans un environnement paisible, loin des villes et au sein de la Nature. Dans des temps très anciens, l'Ayurveda était enseigné dans des monastères et dans les forêts, plus tard dans des universités citadines (4 domaines : éducation physique, artistique et esthétique, intellectuelle, spirituelle); on apprenait aussi des connaissances pratiques pour pouvoir ensuite subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille et exercer son activité professionnelle avec plus de conscience.

Âge moyen ou grahastha ashram :

Entre 25 et 50 ans. Graha signifie la maison. Sexualité, vie de famille, activité professionnelle, responsabilités diverses au sein de la famille et de la société, toujours avec des objectifs élevés. On tente de réaliser ses rêves à un niveau humain.

Le 3ème âge ou varia pratha ashram :

On abandonne peu à peu la vie professionnelle mais sans se retirer complètement. On va doucement vers la forêt (van). On peut alors faire profiter les autres de son expérience ou exercer des activités de conseil ou de bénévolat. On ne cherche plus à accumuler de l'argent mais on commence à le donner pour l'amélioration des autres et de la société. On consacre plus de temps à sa vie intérieure, à la lecture des textes sacrés, à la méditation, etc. C'est une période importante, à ne pas négliger car on ne saute pas directement de la vie active du 2ème âge à la retraite spirituelle du 4ème âge. Trop de personnes se retrouvent déprimées, désemparées, une fois à la retraite, parce qu'elles ne voient plus de sens à leur vie.

Le 4ème âge ou Sanyatha ashram :

C'est le moment de se retirer dans un lieu paisible, dans la forêt, pour se consacrer à la vie spirituelle. On défait ses liens avec le monde pour se rendre totalement disponible à la vie de l'âme. On mène la vie d'un sanyasin.

Le chemin vers la santé parfaite

Trois disciplines peuvent aussi nous aider à préserver notre harmonie : la diététique, ahara, la façon d'être, vihara, la gestion du mental, manovyapara. En effet, nous sommes perturbés par des changements (froid ou chaleur excessifs, alimentation déséquilibrée, troubles affectifs, etc.) et il nous faut apprendre à composer avec eux et jouer avec les différents outils que nous propose l'Ayurveda.

La diététique :

L'Ayurveda accorde une grande importance à l'alimentation. On devient ce que l'on mange, d'où l'importance de la bonne qualité des aliments, de leur préparation, des conditions du repas et de la qualité de la digestion. Nous le savons en Occident depuis Hippocrate, l'aliment est aussi un médicament. L'Ayurveda est, par nature, écologique, puisqu'il prône le respect de la vie et préconise les aliments bio, frais, de proximité et de saison, un aliment vieilli ou ayant voyagé trop longtemps ayant perdu de ses qualités énergétiques. On évite les aliments réfrigérés, le froid diminuant le feu digestif et on est attentif à la cuisson des aliments. Les aliments sont classés en 3 catégories, selon leur énergie dominante, leur guna.

Les aliments tamasiques :

Ils sont lourds, sans vitalité, ils induisent paresse et fatigue : sucres raffinés, viandes trop riches, alcool, conservateurs, entre autres.

Les aliments rajasiques

Ils donnent de l'énergie : laitages, céréales, légumineuses, œufs, poisson, sucres et graisses, entre autres.

Les aliments sattviques

Ils donnent de la vitalité : fruits frais et secs, graines germées, légumes frais, miel, entre autres.

Parmi les aliments bienfaisants, le gingembre qui renforce le feu digestif et empêche les gaz, donne de la vitalité, le curcuma qui purifie le sang, a des propriétés antibiotiques et anti infectieuses connues depuis très longtemps et équilibre les 3 doshas, l'ail qui améliore la digestion, la circulation, lutte contre l'hyper tension, l'oignon qui stimule le cœur et favorise la production de bile. L'énergie des aliments dépend aussi de leur histoire, car ils subissent l'influence de ce qui les entoure et s'imprègnent, ou non, de lumière. Les graines germées ont des qualités éthériques et aériennes. Les fruits ou légumes mûrs ont un rayonnement solaire, les tubercules sont chargés de l'énergie Terre. Pour la viande, tout dépend du type d'animal (sédentaire= lourd, qui court= plus léger) et du type d'abattage car l'aliment porte la mémoire de son histoire.

La façon de cuisiner et de préparer est aussi très importante : si vous coupez des carottes en colère, les carottes se chargeront de cette énergie de colère et vous servirez à vos convives un plat de carottes à la colère, certainement indigeste. Aussi vaut il mieux cuisiner en conscience, avec calme et amour. La cuisine est aussi un exercice de méditation.

La diététique ayurvedique est donc tout un art, art de la préparation, connaissance des gunas de chaque aliment, connaissance des propriétés des épices, des 6 saveurs, art des repas, art de la digestion. La cuisine est un art que les Brahmanes peuvent exercer car il se rapproche de l'art des sacrifices et demande concentration, paix intérieure, amour, reconnaissance pour la Terre Mère et ses fruits, bénédiction.

Le mode de vie « Vihara »

Quand on consulte un médecin ayurvedique, il nous pose un certain nombre de questions médicales mais aussi plein de questions sur notre mode de vie : qui on fréquente, avec qui vit - on ? Travaille -1 - on ? Où habite -1- on ? Quelles sont nos activités en dehors du travail ? Quel est notre rapport à l'argent, à l'amour, à la Terre ; avons - nous des amis, des ennemis ? A quelle heure nous couchons nous ? Quel est notre idéal de vie, etc... En effet, toutes ces données ont une influence sur notre santé. L'Ayurveda conseille d'avoir non seulement une nourriture matérielle mais amicale et spirituelle. Il est bon de développer sa créativité ; à chacun de trouver la forme qui lui convient. Créer aide à sublimer ou à transmuter les perturbations affectives. L'inconscient a aussi une grande influence sur notre vie. Nous avons besoin de moments de pause pour nous détendre, faire le bilan de notre journée ou de notre vie, contempler, méditer.

La gestion des pensées « Manovyapara »

« Je pense, donc je suis » est un concept occidental ; la version orientale serait plutôt : « Je médite, donc je suis ». En effet, les pensées, si elles sont la caractéristique de l'être humain, sont aussi des éléments de perturbation du mental, ce singe sans cesse agité. L'Ayurveda conseille de cultiver les pensées positives qui génèrent un état de joie. Le yoga, le yoga nidra, la relaxation, la récitation de mantras, peuvent nous aider à trouver le chemin de l'intériorisation et du calme intérieur.

L'art de vivre au quotidien « Dincharya »

Le matin :

Visualiser une image de beauté, les yeux fermés. Emettre une pensée noble pour la journée
Se lever, si possible, 2 h avant le lever du soleil.
Se nettoyer la langue avec un gratte - langue pour éliminer les toxines accumulées pendant la nuit.
Boire 1 ou 2 verres d'eau cuivrée pour ses propriétés anti-infectieuses et d'autres qualités.
Eliminer selles et urine.
Faire un bain de bouche à l'huile de sésame pour éliminer les toxines de la bouche.
Se laver les dents, le visage, le nez.
Faire un massage à l'huile de sésame.
Douche
Yoga asanas et pranayama) et méditation
Petit déjeuner léger et non sucré (moment kapha : ne pas rajouter du kapha)
Prendre soin de sa famille, en particulier des Anciens
Lire quelques lignes d'un livre sacré
S'habiller pour aller travailler.

La journée :

Travailler juste pour subvenir à ses besoins
Déjeuner léger suivi d'une petite sieste
Après le travail, activité artistique ou sportive
Contact avec les 5 Eléments : marche, jardinage, etc....
Douche pour purifier le corps Méditation vers le crépuscule

Le soir :

Dîner tôt, au moins 2 heures avant d'aller se coucher
Contacts culturels, familiaux, sociaux
Petit bilan de la journée
Relaxation
Pensée positive pour le lendemain
S'endormir avant 22h quand Kapha domine.

La nuit :

II y a aussi tout un art de s'endormir, de dormir et de se réveiller pour que la nuit soit un moment de paix et de ressourcement.

Auteurs :

Pascale Léger, enseignante de yoga, Ayurveda et massage âyurvédique au centre Tapovan, nous entretient de cette médecine traditionnelle indienne.

Liens :

Université Tapovan - Formation Massage ayurvédique, Ayurvéda, Yoga

Infos Yoga - Revue Yoga

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