Alimentation en Voyage

Être réceptif à d'autres cultures

Tout être humain puise dans la nourriture, les éléments de sa survie. Si la nécessité d'un apport alimentaire régulier est un besoin essentiel et universel, les pratiques qui entourent cet apport ont été soumises au cours du temps à des influences socio-économiques et culturelles qui diffèrent considérablement d'une région de la planète à l'autre. Lors d'un voyage, la découverte de nouveaux goûts est source de plaisir. Elle peut aussi occasionner des désagréments qu'un minimum de précautions doit éviter. Evidemment, lors d'un voyage, il est possible de transporter avec soi boîtes de conserves, paquets de biscuits et rations de survie... ! Mais comme il serait dommage de se priver du plaisir de découvrir les pratiques alimentaires de la région ou du pays visité. Le « brassage des populations », la « mondialisation », le développement des « restaurants ethniques » nous familiarisent avec d'autres coutumes que les nôtres en matière d'aliments, de goûts, de recettes et d'assaisonnements. Cependant, connaître des fruits comme le mangoustan asiatique, le jujube africain ou la barbadine antillaise, fort appréciés dans leur pays d'origine, est une autre affaire. Être réceptif aux nouveautés n'empêche pas de se souvenir que l'alimentation est un marqueur identitaire et culturel fondamental. Les pratiques alimentaires résultent d'un ensemble d'usages, de traditions, d'interdits, de symboles qu'il est important de ne pas méconnaître sous peine d'incompréhension ou même d'offense involontaire. Cela ne doit pas conduire non plus à être imprudent. En effet, en voyage, la vigilance face à des pratiques alimentaires nouvelles est de mise car un changement brutal de nourriture peut perturber les organismes fragiles. De plus, dans des pays où l'hygiène n'est pas celle des pays occidentaux, il est préférable de prendre quelques précautions plutôt que de subir pendant plusieurs jours des troubles digestifs difficiles à contrôler.

L'alimentation, un marqueur identitaire et culturel

Partout dans le monde, la prise de nourriture est un acte social. C'est un moment de convivialité où se retrouvent les membres d'une communauté. Ce peut être aussi, dans un nouvel environnement, un moment permettant d'échanger et de faire connaissance. Les pratiques alimentaires peuvent cependant différer grandement d'un pays à l'autre :

  • La nature des aliments consommés dépend en premier lieu des ressources locales. Il est ainsi possible d'établir des cartes géographiques d'aliments consommés plus particulièrement dans certains pays ou continents. Le choix de l'aliment est aussi influencé par des facteurs sociologiques et culturels. Le niveau de vie est un critère essentiel de choix d'un aliment en fonction de son coût et de son intérêt nutritionnel. Ainsi, les céréales caloriques et peu coûteuses (blé en Europe, maïs en Amérique, riz en Asie, mil en Afrique) sont à la base de nombreux plats traditionnels. Le niveau d'éducation, la mode jouent aussi un rôle important et fluctuant : hamburger et Coca-Cola ont largement débordé les États-Unis. Des critères religieux fixant des interdits alimentaires (le porc, l'alcool...) et des modes de préparation (casher, halal).
  • La préparation des repas : en plus de la nature d'un aliment, chaque pays ou région du monde, a ses habitudes en matière de mode de cuisson et de modalités d'accommoder la nourriture. Il y a peu de ressemblance entre le riz blanc asiatique et la paella espagnole, la cuisine chinoise rapide au wok et le tajine longuement mijoté d'Afrique du Nord. Innombrables sont les épices et condiments utilisés pour modifier la saveur des aliments. Ainsi, le galanga (Chine) est une racine proche du gingembre, les feuilles de caloupilé (Inde) ont une odeur de curry, le sumac sert à assaisonner le mouton en Turquie et les épices colombo (Antilles) sont un mélange de curcuma, de sel, de cumin et de curry ;
  • Le mode de prise des repas est de plus en plus homogène : manger assis sur un tapis dans une tente berbère ou sur une peau de phoque dans un igloo est de moins en moins fréquent. Et si l'idée de vous mettre à genoux sur un tatami pour déjeuner à la japonaise vous rebute, rassurez-vous, user de tables et de chaises à l'occidentale est une habitude de plus en plus fréquente chez les Nippons ;
  • Les couverts sont encore une variable : si l'usage de la cuillère est largement répandu et depuis longtemps, il n'en est pas de même de la fourchette et du couteau, qui sont absents de nombreuses tables. À savoir que les baguettes utilisées en Asie servent à porter la nourriture à la bouche mais ne doivent pas être en contact avec les lèvres afin de pouvoir être replongées dans le plat qui peut être commun à plusieurs convives. Dans de nombreux pays, on utilise ses doigts, et pas seulement pour les sand-wiches. Mais attention, en Inde, il faut utiliser uniquement deux à trois doigts et uniquement de la main droite... !
  • Le nombre et les heures des repas varient beaucoup d'un pays à l'autre : trois repas sont habituels en Europe et en Amérique du Nord, deux plutôt en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique du Nord et un seul dans plusieurs pays d'Afrique noire, où une grande partie de la population est sous-alimentée. Le repas du soir se prend généralement vers 19-20 h en France, plus tôt en Grande-Bretagne et en Allemagne (vers 18 h) et plus tard en Espagne (vers 23 h).

Les précautions à prendre

En voyage, en particulier dans des pays où l'hygiène est incertaine (Afrique, Amérique latine, Moyen-Orient, Asie), l'infection alimentaire la plus fréquente se traduit par une « turista », diarrhée et maux de ventre, gênants au quotidien mais sans conséquences à long terme. En revanche, la typhoïde et les hépatites qui sont transmises par l'alimentation ou l'eau de boisson sont des maladies graves. Afin d'éviter les bactéries, virus ou parasites qui peuvent être présents dans l'eau locale et donc dans les aliments lavés ou préparés avec celle-ci, les aliments très chauds, bien cuits et les boissons embouteillées doivent toujours être préférés.

Quelques conseils à apprendre par cœur :

  • Pour les produits laitiers, choisissez des produits pasteurisés et du lait bouilli.
  • Ne pas manger d'aliments crus ou insuffisamment cuits : viande, poisson, coquillages, œufs, salades... mais pas de problèmes avec les crustacés qui se mangent cuits : langoustes et langoustines, crevettes, crabes (à condition qu'ils soient frais).
  • Les légumes et les fruits ne peuvent être consommés que si vous les lavez avec de l'eau embouteillée et/ou les pelez vous-même et les mangez aussitôt et/ou les faites cuire.
  • Évitez les aliments vendus dans la rue ou des endroits dont vous doutez de la salubrité ou qui ont été longtemps conservés à température ambiante.
  • La chaîne de froid peut être difficile à respecter dans certains pays, aussi par principe refusez tout aliment ayant été congelé ainsi que les glaces et les glaçons.

La Cicuatera

La « ciguatera » est une intoxication alimentaire qui sévit en zone tropicale (Caraïbes, océan Atlantique ouest, océan Pacifique sud et central, océan Indien) après ingestion de chair de poissons de récifs. Elle est due à une toxine, la « ciguatoxine », émise par un parasite du corail. De la chaîne alimentaire, corail, poissons herbivores... poissons carnivores (barracuda, mérou, murène), il résulte que a priori des espèces de poissons comestibles deviennent toxiques pour l'homme. Il ne faut donc pas s'improviser pêcheurs sans s'informer auprès des autochtones. Les signes d'intoxication digestifs (nausées, vomissements) et nerveux (maux de tête, démangeaisons, troubles de la sensibilité) surviennent dans les 3 à 4 heures. Ils peuvent être persistants mais sont rarement très sévères.

Le syndrome du restaurant chinois : Mythe ou Réalité ?

Le glutamate de sodium* (ou glutamate monosodique) est un additif alimentaire traditionnellement utilisé dans la cuisine asiatique pour rehausser le goût ainsi que dans des produits industriels tels que chips, siirimi. cubes de bouillon et soupes. Il a été accusé d'être responsable du « syndrome du restaurant chinois » (troubles digestifs, maux de tête, bouffées de chaleur ou manifestations de type allergique : éruption cutanée, crise d'asthme...). En fait, aucune étude scientifique n'a démontré de relation entre le glutamate et ces symptômes, et son usage est autorisé par les autorités de santé européennes et américaines.Le glutamate peut provoquer une intolérance chez certains sujets sensibles, mais il est inoffensif pour la grande majorité de la population et ne mérite pas la mauvaise réputation qui lui est faite.

(*) Sodium à prendre en compte dans les régimes sans sel (chlorure de sodium).

Auteurs :

Docteur Catherine Faber

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